Quand la nature investit la ville

La nature, c'est dans notre imaginaire un vaste espace boisé parcouru par un ruisseau, le grand air de la montagne, des lieux dépourvus de tout impact humain. Mais cette vision est en réalité idéalisée. Premièrement, il est aujourd'hui prouvé qu'il n'existe plus de milieux entièrement épargnés par les activités humaines. Deuxièmement, et c'est le thème de cet article, la nature peut aussi trouver sa place en ville.

Quelle place pour la nature en ville ?

La nature peut se trouver sous diverses formes en ville. On pense en premier lieu aux espaces verts, puisque ce sont eux qui se rapprochent le plus des espaces naturels ruraux en s'étendant sur des surfaces plus ou moins grandes. Mais la nature en ville peut aussi s'avérer plus dispersée : arbres d'alignement, ronds points, façades et toitures végétalisées, noues paysagères, voire installations sportives et cimetières (Boutefeu, 2007). Les espaces interstitiels tels que les fiches sont eux aussi des espaces investis par la nature avec des plantes spontanées qui ont une grande capacité d'adaptation aux conditions de vie urbaine. Ces friches sont notamment étudiées par Gilles Clément avec son concept de nature en mouvement, qui laisse libre cours à l'expression de la nature. On retrouve donc la nature aussi bien dans l'espace public que privé, avec principalement les jardins particuliers.

Si on sort du domaine du végétal, on retrouve aussi une diversité animale avec de nombreux oiseaux, des chauves-souris, des insectes, voire même les animaux domestiques (Arnould et al., 2011).

Tous ces éléments de nature forment la trame verte urbaine et assurent la continuité des corridors écologiques. Cette nature est plus ou moins maîtrisée : on distingue ainsi la nature sauvage de la nature aménagée avec une vision anthropocentrée, basée sur son utilité (Arnould et al., 2011). Par exemple, les arbres sont taillés pour des raisons esthétiques et de sécurité (pour ne pas entraver les réseaux électriques, tomber sur les routes, toucher les façades, etc.) (Arnould et al., 2011).

Une autre forme de nature en ville, qui a par ailleurs pendant longtemps été combattue, sont les "mauvaises herbes". Elles portent une mauvaise réputation car elles sont qualifiées d'invasives, d'indésirables : en effet, elles poussent là où elles ne sont pas autorisées à le faire, donnant ainsi un aspect "négligé" hors de contrôle. Cependant, la prise de conscience globale des enjeux environnmentaux, renforcée par le cadre législatif qui se durcit (interdiction de l'usage des pesticides notamment), pousse les communes à mettre en place une gestion différentiée des espaces verts, et à tolérer la présence de ces "mauvaises herbes". Reste alors à convaincre les habitants de leur utilité, et cela n'est pas toujours facile ! Mais voici quelques arguments qui pourraient nous aider.

 

Les bienfaits de la nature en ville

La nature en ville a de nombreux effets sur nos conditions de vie, certains évidents, d'autres insoupçonnés.

La végétation influence notamment la température en luttant contre le phénomène d'îlot de chaleur urbain (Arnould et al., 2011) : les surfaces imperméabilisées ont tendance à afficher des températures plus importantes, phénomène en partie atténué par l'évapo-transpiration des plantes. Ces dernières permettent aussi d'améliorer la qualité de l'air en la purifiant (Abadie, 2021). Leur présence est par ailleurs synonyme d'une réduction de la pollution sonore (Abadie, 2021).

La nature en ville permet de lutter contre certains désagréments voire menaces des villes. La végétation permet une désimperméabilisation des sols (Cerema, 2019), et donc une meilleure infiltration de l'eau : cela entraîne une réduction des débits de ruissellement (Cerema, 2019) et ainsi une diminution des risques d'inondation. Cet atout, conjugué à une fixation plus forte des sols grâce aux systèmes racinaires, donne aussi l'occasion de lutter contre l'érosion des sols (Abadie, 2021) et donc contre les mouvements de terrain. Enfin, la biodiversité en ville combat la propagation de nuisibles grâce à une prédation naturelle (Abadie, 2021).

Pour finir, la nature en ville s'affirme en tant qu'outil social ayant des impacts psychologiques. On observe en effet une diminution de la criminalité dans les quartiers qui présentent plus d'espaces verts, et leurs habitants ont tendance à se sentir en meilleure santé : ils font plus de sport et sont moins stressés ("en France, le taux de dépression est 1,33 fois supérieur dans les zones avec peu d’espaces naturels" (Cerema, 2019)).

 

La nature sur le campus de Périgueux

Notre campus possède divers projets visant à accueillir la nature au sein de son espace de vie. On peut notamment citer le potager et les vergers, dont les récoltes bénéficient aux étudiants via l'épicerie sociale (voir section "L' épicerie sociale StudFood"). Le campus bénéficie aussi de la présence de nombreux arbres, de mares, d'hôtels à insectes et de la proximité d'espaces boisés. Il s'est aussi doté de murs végétaux et de plantes d'intérieur.

 Bois  Pins

 

Bibliographie

Abadie M. (dir.). (2021, juin). Nature en ville : aménager aujourd’hui les communes de demain. Les cahiers de Biodiv'2050 - Comprendre (17). CDC Biodiversité. 56p.

Arnould P., Le Lay Y.F., Dodane, C. et Méliani I. (2011). La nature en ville : l'improbable biodiversité. Dans Géographie, économie, société, 13. P 45 à 68.

Boutefeu E. (2007, avril). Le paysage dans tous ses états - La nature en ville : des enjeux paysagers et sociaux. Géoconfluences. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/paysage/PaysageViv.htm (consulté le 7 novembre 2022)

Cerema. (2019, novembre). Les fiches Nature en ville : méthodologie pour intégrer la nature comme élément de confort urbain. https://www.cerema.fr/fr/actualites/fiches-nature-ville-methodologie-integrer-nature-element (consulté le 7 novembre 2022)